Dans un entretien accordé à un média britannique, le président de Toyota Europe confie qu’une Aygo électrique serait en cours de développement. Le constructeur japonais va-t-il réussir à proposer la voiture électrique low cost ultime ?

Développée et construite en collaboration avec le groupe français PSA, Toyota Aygo, construite en république Tchèque et commercialisée depuis 2005, avait pour objectif de proposer une mini-citadine à partir de 8500 euros. Interrogé par la presse britannique Auto Express, Johan van Zyl, président de Toyota Europe, a indiqué que l’idée d’une Aygo électrique serait «très intéressante».

Toyota Aygo pourrait emprunter un autre chemin technologique que ses jumelles Citröen C1 et Peugeot 108, construits tous les 3 dans la même usine à Kolin (République Tchèque).

Toyota Aygo pourrait emprunter un autre chemin technologique que ses jumelles Citröen C1 et Peugeot 108, construits tous les 3 dans la même usine à Kolin (République Tchèque).

En effet, Toyota Europe considère que les différentes motorisations électrifiées (hybride, hybride rechargeable, 100% électrique et pile à combustible hydrogène) ne sont pas forcément en compétition entre elles, et chaque technologie a son utilité optimale en fonction du client et de son usage.

Malgré les tendances du marché des voitures électriques actuelles, où les constructeurs font la compétition de la plus grande autonomie (Renault Zoé à 400 km, Opel Ampera-e à 380 km…etc) au détriment du prix (plus de 40 000 euros), le deuxième constructeur mondial persiste dans sa vision qu’une «voiture électrique doit rester en ville, avec une autonomie courte».

 

En effet, le responsable R&D de Toyota Europe Gerald Killman confirme que l’Aygo électrique est en cours de développement, mais que cela aura de sens que si le prix est accessible aux «gens normaux».

Le marché des micro-citadines électriques : un échec évident ?

En réalité, Toyota n’est pas à son premier essai de voiture électrique.
Dès 2012, Toyota avait lancé la production en série de Toyota iQ EV, une voiture 100% électrique basée sur la micro-citadine iQ (équivalent de Smart).
Avec une autonomie de 85 km (cycle NEDC européen), seulement une centaine d’exemplaires ont vu le jour.

toyota-iq-electrique-taiwan

Seul endroit où j’ai pu voir rouler les iQ électriques, c’était au centre de location Toyota à Sun Moon Lake (Taïwan)

Par ailleurs, malgré de nombreuses qualités, la micro-citadine Toyota iQ n’est plus en commercialisation depuis fin 2014, faute de pouvoir concurrencer la célèbre Smart for Two.
Conçu pour le marché européen mais produit au Japon, le coût d’importation et un marché limité sont la cause de son tarif excessif (à partir de 13 000 euros). Ce retour d’expérience douloureux donnera naissance à l’Aygo, dont la production est basée en Europe et partagée avec Peugeot-Citroën.

Et si on regarde toujours du côté japonais, LA micro-citadine 100% électrique est sans aucun doute Mitsubishi i-MiEV (depuis 2010).
Avec une autonomie de 160 km, elle n’aura pourtant pas énormément de succès en Europe, dû à son tarif lui aussi assez élevé ( à partir de 23 350 euros, sans bonus déduit).

Vous avez saisi ! Même si certains constructeurs tentent de faire une «petite voiture électrique pas chère» depuis 2010 pour démocratiser plus facilement les voitures zéro-émission en ville, les composants de motorisation électrique (électronique de puissance…etc) et la batterie coûtent beaucoup trop chers pour ce segment.
Au final, l’échec des petites voitures électriques était prévisible car peu de personnes s’offrent le luxe d’acheter une petite voiture avec peu de prestation, au prix d’une berline familiale bien dotée en équipements. C’est comme si vous payiez 60 euros pour acheter un poulet de Bresse en boîte de conserve !

Et Tesla l’a d’ailleurs bien compris : en développant une grande berline haut de gamme avec de nombreuses prestations de service (AutoPilot, écran 17 pouces…etc), les automobilistes sont prêts à débourser plus de 100 000 euros pour une voiture électrique ; de quoi amortir le coût de la motorisation électrique.

Pour cette raison, la tendance actuelle des voitures électriques c’est «toujours mieux et toujours plus cher», avec pratiquement aucune proposition en dessous de 30 000 euros.
Les lecteurs admirent de plus en plus les voitures électriques, mais au moment de devoir sortir le chèque, ils repartent avec une diesel ou une essence.
La qualification de «jouet des riches» d’un directeur Toyota concernant les voitures électriques actuelles n’est pas sans fondement.

Comment Toyota pourrait-il démocratiser les voitures électriques ?

Avec l’objectif de diminuer 90% des émissions CO2 de sa flotte d’ici 2050, Toyota compte arrêter totalement la production des voitures à moteur thermique.
(voir http://www.toyota-global.com/sustainability/environment/challenge2050/, le boss l’a dit, alors ils vont devoir le faire…)

toyota-2050-challenge

 

Même si c’est facile pour Toyota de remplacer tous ses véhicules thermiques par des voitures hybrides HV, démocratiser l’hybride rechargeable (PHV) et commencer à préparer la population aux pile à combustible (FCV), il reste le segment A où les ingénieurs auront bien du mal à installer une motorisation hybride essence électrique dans une si petite Aygo.

La solution électrique s’impose donc. Et pour diminuer le coût jusqu’à un tarif accessible (en dessous de 12 000 euros, 10 x SMIC), outre d’utiliser le châssis d’une voiture existante pas chère à produire, je présume que Toyota cherchera à réutiliser les composants électriques de ses voitures hybrides, produites à plus d’un million d’exemplaires par an.

Quand on regarde les évolutions de motorisation à bord de la nouvelle Prius 4, on s’aperçoit déjà que le moteur électrique et le module de contrôle électronique sont déjà devenus extrêmement compacts, pour être intégrés dans une petite citadine…

Source : Auto Express

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