Sur la route

Le chaud et le froid

Je passe directement aux routes de la banlieue parisienne dans cet essai. J’ai retrouvé les gènes Toyota dans cette Yaris, une assise confortable avec des sièges bien dessinés, une instrumentation assez claire même si, comme dit précédemment, l’ergonomie est perfectible. Bouton « Power » enfoncé, la voiture ne démarre pas le thermique avant un long moment, le temps même de faire une marche arrière et de sortir du parking souterrain de mon immeuble, tout cela en pur électrique. Le 1,5L hybride essence ne donnera de la voix que lors de la montée de la sortie de parking. Impressionnant. Le volant en manœuvre me gêne par sa grande taille et surtout par son claquement en butée comme si il n’avait pas d’amorti ! J’ai aussi constaté un rayon de braquage assez important au point de m’y reprendre à deux fois dans le sous-sol. Effectivement, avec 5,5 m de rayon de braquage avec la monte pneumatique de 16″, c’est moins bien que les 5 m en 15″. Pour une voiture de moins de 4 mètres, c’est moyen. Sur la route, l’amortissement est assez bon, un bon compromis entre absorption des chocs et confort. Avec le nombre de dos d’ânes et bandes rugueuses que j’ai traversés pendant cet essai, je peux dire qu’elle s’acquitte parfaitement de la tâche. Malgré tout, un léger roulis subsiste mais rien de vraiment pénalisant. Toyota a indiqué avoir revu les trains roulants pour plus de confort avec un travail accru sur l’ajustement des amortisseurs. De ce côté-là, c’est réussi… tant que le conducteur ou la conductrice reste sage. Car quand on accélère le rythme, la Yaris a tendance à élargir la courbe de l’avant ce qui surprend nettement. Peut-être cela est-il dû aux pneus éco Brigdestone Ecopia EP25 ou à la direction peu directe ? Ou les deux ? Les voitures modernes ont plutôt tendance à faire glisser l’arrière progressivement, ici c’est le contraire. Je ne pense pas qu’au quotidien, les propriétaires de la Yaris hybride pousseront le rythme à ce point. Dans ce cas, la voiture restera sage et prévenante, tout comme le conducteur ou la conductrice.

Pour ceux qui ne sont pas familiers des hybrides Toyota, le moteur HSD (Hybrid Split Device) est ici un des atouts majeurs de cette Yaris. La Yaris dispose d’une boîte automatique type eCVT. La poussée des premiers mètres s’effectue souvent en pur électrique. Ensuite, le thermique vient apporter la puissance nécessaire à l’accélération, l’électrique sera toujours en action de toute façon. Tout cela sans à-coups et dans un bruit relativement contenu (tant que l’accélérateur n’est pas écrasé). Pour faire de la ville, c’est clairement le pied ! Elle accélère d’ailleurs très bien en mode Normal et devient très sage en mode Eco. Les reprises sont assez bonnes et tant que l’on ne dépasse pas les 90 km/h, elle s’acquitte parfaitement de la tâche. Les ingénieurs ont gommé une grande partie du reproche fait aux hybrides Toyota : le fameux « moulinage » et le bruit qui va avec. Sur la Yaris, la montée en régime est rapide mais progressive avec un palier pour éviter de faire chanter le moteur trop vite, ce qui aurait été gênant et proche d’un fonctionnement de moteur de scooter. Tant que l’on reste en mode Eco, ce que je viens d’écrire est valable. Les phases en mode électrique sont un régal car longues malgré la faible capacité de la batterie NiMh (0,936 kWh) et sans la décharger à outrance. Les ingénieurs Toyota font preuve d’une réelle maîtrise du sujet. En ville, c’est donc efficace, mais sur route, il faudra monter souvent dans la zone Power car avec 75 ch pour le thermique (111 Nm à 3600 tours/min) et 45 kW (169 Nm) pour le moteur électrique, bridé par la puissance de sortie de la batterie que j’évalue à 19 kW (cf. pour en savoir plus en fin d’article), il devient évident que tirer 1165 kg (pour cette version) demande de la puissance qui se trouve haut dans les tours. Là, le moteur sera clairement bruyant et assez fatiguant même. Pour avoir fait 400 km d’autoroute avec, à 72 dbA mesurés à 130 km/h, c’est assez vite lassant ! S’ajoutent à cette vitesse, une maladie typiquement Toyota : les bruits aérodynamiques. Quand je lis le dossier de presse qui relate un travail important d’insonorisation (entrée d’air, supports moteurs, limiteur de roulis moteur, arbres de transmission…), je suis stupéfait de ne pas le constater. Je crois qu’il serait intéressant de confier une Yaris à l’équipe Hybrid Life pour en faire définitivement une hybride très silencieuse.

Je reviens sur le comportement. J’ai constaté un freinage assez chatouilleux et pas toujours évident à doser. Sur chaussée abîmé ou nids de poules, sans vitesse excessive ni freinage très appuyé, l’ABS a tendance à s’enclencher facilement. La première partie du freinage sur une hybride fait appel au moteur électrique pour assurer la régénération de la charge de la batterie. Dans cette phase, rien à dire, c’est plutôt efficace. Sur la toute fin de course quand les disques entrent en jeu, car la régénération s’arrête en dessous de 10 km/h, il m’a fallu m’habituer à doser la fin de course. Le comportement au freinage des hybrides demande souvent un temps d’adaptation. Les distances de freinage m’ont semblé tout de même assez longues quand on appuie fort à une vitesse élevée. Aux feux ou aux stops, la Yaris est équipée d’un système automatique de démarrage en côte qui bloque les roues et permet de repartir facilement au premier coup d’accélérateur. C’est tellement simple comme idée qu’on se demande pourquoi on ne le voit pas sur toutes les voitures.

Ne vous y trompez pas ! J’ai effectivement détaillé tout ce que j’ai pu constater sur le comportement de cette voiture. Néanmoins il faut retenir que même si la plateforme date un peu, le comportement global est plutôt bon en ville, qui est clairement son terrain. Avec un comportement sain et prévenant, un bon confort, une bonne accélération et une alternance entre électrique et thermique très réussie, l’agrément général est satisfaisant. Il reste que passé les 110 km/h, la voiture sera moins à son aise, car le thermique, peu puissant pour un tel poids, donnera de la voix et les bruits aérodynamiques seront très importants.

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