Après beaucoup d’annonces et de revirements, le groupe Toyota présente enfin leur gamme de voiture électrique et la plateforme e-TNGA pour la prochaine décennie. En insistant beaucoup sur la mobilité urbaine courte distance pour le marché japonais, le constructeur dévoile tout de même des véhicules électriques plus imposants pour le reste du marché mondial.
Dans la conférence « Démocratisation des véhicules électriques BEV » présentée aujourd’hui par Shigeki Terashi, vice président exécutif du groupe, le constructeur japonais annonce qu’il avancerait de cinq ans son calendrier sur la vente de 5,5 million véhicules électrifiés (Reuters – Toyota s’allie aux chinois CATL-BYD pour accélérer l’électrification).
Un responsable de Toyota précise néanmoins qu’à l’heure actuelle, « on ne peut pas prévoir si le mix de 1 million de BEV/FCEV + 4,5 million de HEV/PHEV sera le même à l’échéance 2025 – mais certainement pas. Il y aura moins d’un million de véhicule électrique/hydrogène« .
Même s’il reconnaît que la rentabilité financière reste un problème majeur pour les constructeurs et prendra du temps pour être résolu : les réglementations (ex: quota de véhicule zéro émissions…), les politiques d’aide financière pour l’achat de véhicules électriques, associés au piétinement de la démocratisation des infrastructures hydrogène, forcent Toyota à s’adapter rapidement au marché mondial.
En effet, Toyota a bien insisté là dessus : leur politique de voiture électrique est :
- déployer des véhicules électriques ultra-compacts sur le marché japonais
- préparer des modèles variés de véhicules électriques pour le marché chinois, américain et européen
Donc oui : si la stratégie automobile de Toyota n’a pas changé un iota au Japon, le groupe a compris que la politique nationale japonaise « société hydrogène » n’a pas trouvé d’écho dans le reste du monde (même si la Chine a annoncé récemment qu’elle compte devenir le leader dans ce domaine).
Mais pour développer divers modèles de véhicule électrique, tout en mutualisant les risques et le coût de développement/production, Toyota a privilégié une stratégie collaborative : elle va chercher des constructeurs spécialisés sur un segment pour s’associer avec eux.
Par exemple, sur le segment citadine, Toyota va co-développer la voiture électrique avec Suzuki et Daihatsu. Tandis que sur le segment des SUV compacts, le constructeur japonais va travailler avec Subaru.
Pour cela, Toyota propose une plateforme commune à ses partenaires : e-TNGA.
Comme on peut voir, la plateforme e-TNGA, composés de 3 modules châssis (avant, central, et arrière), batterie et moteur, cherche à être extrêmement modulaire, pour satisfaire les différents segments : A (mini citadine), B (citadine), C (compact)…
Détail intéressant : si le châssis, la batterie, l’électronique de puissance (PCU) et le moteur sont communs à tous les constructeurs partenaire, pour mutualiser le coût. Il restera à chaque constructeur de « customiser » la carrosserie, l’intérieur du véhicule et le logiciel contrôle-commande de motorisation électrique.
Pour convaincre les futurs partenaires, Toyota met en avant sa supériorité de maîtrise en électrification (efficience, autonomie réelle et durabilité).
La démarche de Toyota reste très innovante et pragmatique. Le constructeur japonais a posé le cadre, la méthodologie et les fondamentaux technologiques des coopérations futures. Pour ceux qui connaissent la méthode de travail japonaise, on sait à quel point c’est important pour eux de poser ce cadre…et après ça va dérouler.
Toyota is steadily preparing a framework to respond thoroughly
to the challenge, putting all the pieces in place, including the
construction of new business models.We are searching for partners in a more extensive and open
manner as we strive to contribute to a better society. Please
join us in promoting our initiatives.
Toyota ne cherche pas à devenir la marque leader des voitures électriques, mais le fondateur d’un éco-système BEV gagnant-gagnant, pour que les constructeurs puissent réussir ensemble la transition.
Comme dit parfois les politiques français : « Il faut rassembler! ». Toyota l’a fait. Maintenant, qui sera en marche?
Source : Toyota Newsroom
Très intéressant et très bien documenté. Je serai curieux de voir ces véhicules en Europe.