Avec la quatrième génération, la Suzuki Swift SHVS tente d’associer charme, économie et un brun de pep’s. Il nous apparaissait intéressant de la comparer aux hybrides type « full hybrid ». J’ai pu prendre place à bord et l’essayer sur quelques jours. Alors la Swift SHVS ? Hybride micro ? Ou micro-hybride ?
Commençons par l’extérieur de cette Suzuki Swift SHVS
Je vous le dis tout de suite : j’adore le look de cette Suzuki Swift SHVS. Il s’agit de la version Pack toutes options dont le coloris So’Color permet d’associer un toit descendant gris métal avec une robe bleue superbe. Les montants sont de couleur noir, ce qui donne une espèce de légèreté au dessin final. D’autant que les poignées de portes arrières sont intégrées dans le montant, comme le Toyota C-HR mais de manière moins envahissante dans l’habitacle. Le look d’une trois portes mais avec cinq vraies portes ! Les feux avant intègrent des feux de jour à LED. Les designers ont donné de la force au dessin en creusant un peu le capot au profit des ailes. La calandre avant est simple, elle est bien secondée par une prise d’air basse qui court d’un antibrouillard à l’autre. Les portes ont été sculptées jusqu’au feu arrière pour renforcer le côté musclé des ailes. Les feux arrières reprenant une partie de l’aile sont à LED dans cette version. Ce qui distingue cette voiture des autres et qui la fait se démarquer c’est bien ce toit descendant.
Le coup de crayon est maîtrisé et permet à cette Swift de se distinguer de la masse. Suzuki sait dessiner des motos mais aussi des voitures. Surtout qu’avec ses 3,84 mètres, le format est idéal en ville. Dans cette version, les jantes de 16″ sont de série, ce qui ajoute une note un peu sportive à cette voiture.
A l’intérieur
Je ne m’attendais pas à des sièges aussi confortables dans cette gamme de voitures. Bien dessinés, le soutien des épaules et du dos est vraiment de qualité et Madame m’a fait immédiatement la remarque lors d’un trajet d’un trentaine de kilomètres. La place à l’arrière est impressionnante pour la catégorie et les sièges conservent le même confort qu’à l’avant. Quatre adultes devraient être à l’aise surtout que la garde au toit est importante. Le coffre est profond mais reste pratique avec 265L (VDA) et un seuil de chargement bas. Comme les sièges sont rabattables (60/40), la Swift demeure polyvalente en cas d’objets encombrants à transporter.
Les commandes de climatisation sont situées un peu bas et les boutons concernant les éléments de sécurité sont perdus en bas à gauche, un peu au-dessus du genou. Une habitude bien japonaise finalement ! Bien que les plastiques durs soient légion, les assemblages et accostages sont bien réalisés. C’est clairement fait pour durer. La planche de bord reçoit une décoration de couleur blanche pour égayer un tableau de bord décidément bien sombre. Il y a bien quelques rangements et une boîte à gants de petite contenance mais pas d’accoudoir central qui aurait pu loger quelques affaires à l’abri des regards.
Quelques données techniques
Suzuki propose deux motorisations compatibles avec le système SHVS (Smart Hybrid Vehicle by Suzuki) le 1.2L 4 cylindres de 90ch et le 1.0L boosterjet 3 cylindres turbo, injection directe de 111ch et 170Nm. C’est précisément cette version que j’ai eu l’occasion d’éprouver. 111ch ou 81 kW, c’est une très belle performance pour une telle cylindrée ! Surtout qu’avec la nouvelle plateforme « Heartect », Suzuki a fait très sensiblement baisser le poids de la Swift (ou la Baleno ou l’Ignis qui empruntent cette plateforme) à 875 kg pour la version testée toutes options. Une performance aussi impressionnante que la puissance du moteur 1L. Les suspensions ont été intégrées au dessin de cette plateforme dès la conception, ce qui donne une nouvelle forme à la structure de celle-ci et une répartition des efforts en théorie mieux maîtrisés. Évidemment les aciers haute rigidité ont été utilisés ici pour rigidifier au maximum les zones de déformation les plus importantes. L’ensemble de cette plateforme pèse 87 kg et la coque complète 191 kg. 39 kg ont été gagnés par rapport à l’ancienne génération. Nous verrons plus loin si la mission a été réussie.
Caractéristiques techniques du SHVS
La Swift SHVS utilise un dispositif constitué d’un alterno-démarreur ou ISG (alternateur + moteur électrique alimentés par une batterie 12V autonome lithium-ion situé sous le siège du conducteur) qui vient assister le moteur thermique dans les phases de fonctionnement les plus énergivores, au démarrage ou à l’accélération. La batterie lithium-ion a une capacité de 0,37 kWh (soit 1/5ème des batteries Toyota ou Hyundai par exemple). L’alterno-démarreur de 1,9 kW de puissance est capable de délivrer 50 Nm lors des phases d’accélération. La voiture ne sera pas propulsée par le moteur électrique seul, on ne peut donc parler d’hybride mais plutôt de micro-hybride.
Néanmoins, Suzuki a plutôt bien travaillé son système SHVS car il permet de récupérer l’énergie du freinage ou de la décélération, de stopper ou de redémarrer le moteur thermique quasiment sans vibration tout en conservant tous les accessoires opérationnels. D’ailleurs, le chauffage ou la climatisation resteront allumés pendant les phases d’arrêt. Tout juste la ventilation diminuera de vitesse et reprendra la consigne précédente dès le démarrage. La direction ne sera plus assistée non plus dans cette phase (en même temps ça se justifie). L’arrêt du moteur intervient en-dessous de 15 km/h … à la condition d’avoir embrayé et positionné la boîte au point mort. Il faudra donc se rappeler ce point systématiquement lors de la conduite sous peine de ne pas bénéficier des économies de carburant. Pour finir, le système SHVS rechargera aussi la batterie au plomb de 12V si nécessaire.
Sur la route
Dès les premiers tours de roues, je ressens un moteur plutôt pêchu (170 Nm entre 2000 et 3500 tours/min) et le gain de couple de 50 Nm offert par l’alterno-démarreur est bien réel. Le couple peut donc culminé à 230 Nm soit autant que celui du moteur PSA 1.2 Puretech de 130 ch ou beaucoup plus que le Toyota 1.8L HSD de 99ch et 140 Nm ! Cette Swift invite très vite à s’amuser (0-100 km/h en 10,5s) d’autant que la tenue de route est un bon compromis entre confort et stabilité (l’empattement a été rallongé de 20mm et les voies ont été élargies). La rigidité du châssis apporte un indéniable confort, bien plus que la Toyota Yaris. Les changements d’appuis sont bien maîtrisés tout comme le roulis. J’ai tout de même deux reproches : une direction amusante mais vive qui remonte les défauts de la route et des suspensions sonores lors des chocs sur la route. La direction est certes vive mais quel plaisir de faire demi-tour en moins de 10 mètres, 9,6m exactement. Un véritable régal en ville ou en manœuvre.
Un régal en ville certes … gâché par la boîte de vitesses manuelle. Non pas qu’elle ne soit pas correctement guidée ou étagée mais elle pénalise selon moi la philosophie micro-hybride. En effet, les capacités d’accélération ou récupération de l’alterno-démarreur et de la batterie lithium sont étonnants. Le fait de passer l’embrayage fait perdre un court instant le bénéfice de l’inertie lors de la régénération. Malheureusement la version de la Swift en boîte automatique à 6 rapports retire le SHVS. Franchement quel dommage !
Pour finir sur la tenue de route, la légèreté de la Swift n’a pas d’influence sur la stabilité même à 130 km/h. L’insonorisation, même à cette vitesse, est très correcte mais perfectible parce que les passages de roues sont insuffisamment insonorisés. Les bruits d’air n’apparaissent que vers 120 km/h, ce qui est très acceptable avec si peu de joints et insonorisants. Le moteur est en revanche plus discret que celui d’une Toyota Yaris surtout sur route rapide (comprendre nationale désormais) ou autoroute avec moins de 3000 tours/min à 130 km/h. Sa sonorité de 3 cylindres peut ressurgir parfois mais les vibrations sont bien contenues. L’élasticité bluffante de ce 3 cylindres me rappelle que Suzuki fabrique plus d’un million de motos tous les ans aux moteurs classiques ou sensationnels et pour certains légendaires (Hayabusa GSX-R1300 ou la GSX-R1000). Je me suis rendu compte un peu plus tard lors de l’essai que les compteurs sont furieusement inspirés du monde la moto surtout avec une zone rouge du compte tours qui va jusque 8000 tours/min et un compteur de vitesse jusque 220 km/h en partant du 0 à 6 heures comme on dit.
Sécurité, équipements et consommation
La Suzuki Swift SHVS Pack bénéficie de toutes les aides à la sécurité qu’on est en droit d’attendre en 2018 soit :
- le freinage d’urgence autonome
- l’alerte de franchissement de ligne avec vibrations au volant
- l’alerte de changement de trajectoire (au-dessus de 60 km/h)
- le régulateur de vitesse adaptatif
- des feux de route automatiques LED (au-dessus de 40 km/h).
Le freinage automatique est très efficace (il a été mis à l’épreuve malgré moi lors de l’essai, ça freine très fort !) et sait faire la distinction entre un deux-roues et une auto. Il est actif entre 5 et 100 km/h avec l’aide de caméras stéréoscopiques et d’un laser situés sur le pare-brise. Le régulateur de vitesse adaptatif utilise les ondes millimétriques avec un capteur situé sur le bouclier avant. Les commandes au volant permettent d’activer le régulateur ou le limiteur de vitesse de manière simple et efficace. Je profite de cette période hivernale pour préciser que l’éclairage est de très bonne qualité grâce à des projecteurs LED efficaces.
La Suzuki Swift propose un écran tactile de 7 pouces qui pilote la radio, mais aussi la musique en streaming, la navigation en 3D avec l’info trafic, la caméra de recul et la prise en charge d’Apple CarPlay, Android Auto et la fonctionnalité Mirror Link. Le multimédia peut se piloter à la voix et ses capacités sont plutôt bonnes. Tout comme le GPS qui se manipule très facilement et permet une vue 3D toujours appréciable pour se repérer. Il est assez précis et fait mentir le fait que les japonais ne maîtrisent pas le sujet de la navigation. Pour l’info trafic, je recommande néanmoins de brancher le téléphone Android ou Apple et utiliser Waze ou Here pour profiter du meilleur de la navigation. L’écran d’accueil se divise en 4 pavés au graphique simple mais c’est assez rapide de passer de la radio à Android Auto ou au GPS embarqué. Les commandes Musique, Téléphone ou Connectivité sont toujours disponibles tactilement depuis trois boutons en haut à gauche. Bien qu’un peu trop basse à l’usage, cette interface multimédia est de qualité. Le son est correct avec des mediums bien présents. Par contre la caméra de recul est bizarrement située et est sensible à la pluie (on voit les gouttes sur l’écran) et encore plus sensible aux bruits numériques la nuit. Clairement un mauvais choix de caméra pour Suzuki. Il n’y a pas de courbes matérialisant le braquage. Disons que ça fait juste le job en l’absence de radar de recul !
La consommation officielle est donnée pour 4,5L/100km ou 100 g de CO2 au km norme WLTP. Avec un bel écran de 4,2″ situé entre les deux compteurs, la Swift regroupe l’ensemble des données de conduite mais aussi un moniteur d’énergie montrant les flux entre le thermique, l’électrique et la batterie. Je signale un sacré loupé ergonomique, j’ai mis quelques minutes à comprendre que le bouton poussoir à droite du compteur de vitesse servait à changer les écrans de l’ordinateur de bord. Sur la partie gauche du compte tours, il y a le même bouton poussoir servant à changer ou réinitialiser les compteurs journaliers.
Pendant l’essai, je n’ai pas rempli totalement la batterie ni totalement vidé celle-ci. Je dois préciser que j’ai conduit cette voiture presque 8 heures et 150 km dans les bouchons de la région parisienne et sur quelques voies rapides. La batterie a une excellente tenue à la consommation des accessoires et je n’ai pas constaté le moteur redémarrer lors d’arrêts longs. Je n’ai pas couru après la consommation la plus basse mais j’ai suivi l’indicateur de changement de rapports autant que possible et avec quelques fois la joie de profiter de ce moteur « élastique ». Pourquoi ? Parce qu’elle est destinée principalement à ce type de parcours. Et bien je dois reconnaître que si elle n’a pas la consommation d’une Toyota Yaris hybride (utilisée au mieux de ses capacités), les 5,8L finaux sont tout de même une belle performance, surtout en hiver. Longtemps je suis resté proche des 4,7L et il doit être aisé de rester autour de cette consommation. Elle m’a crédité d’une économie de 0,7L grâce au SHVS. Pour préciser la performance, les jours précédents, mon parcours très similaire en Prius 3 2009 a été proche de 5,5L (et oui c’est possible !) toujours dans des bouchons dramatiquement pénibles et des températures très fraîches.
Conclusion
J’ai rendu les clés de cette Suzuki Swift SHVS que j’ai trouvée très sympathique à conduire dans l’ensemble. Je ne la qualifierai pas d’hybride en tant que telle car son système ne permet pas de se mouvoir en électrique même sur une courte distance. Néanmoins, c’est une façon ingénieuse d’économiser 10% de carburant dans des conditions où le moteur thermique est le plus consommateur (accélération, ralenti et freinage). Pourtant l’absence de boîte automatique (ou double embrayage) avec le système SHVS est sans doute ce qui pénalise le plus cette auto légère, bien construite et confortable. Suzuki m’a indiqué vouloir généraliser ce système, j’espère qu’ils pousseront un cran plus loin son champ d’action.
La version SHVS de base en moteur 1.2 DualJet 90ch démarre à 16890€ en 2 roues motrices et en 4 roues motrices, elle est affichée à 18390€. La version essayée Pack So’Color coûte 18900€ à comparer à une Yaris aussi équipée qui arrive à 23250€ (pack Zen + GPS), soit 4350€ de différence. C’est là que l’on remarque que Toyota fait payer très cher l’agrément hybride de sa petite Yaris pourtant perfectible. Ce prix bien placé explique aussi le beau succès de cette Swift actuellement. Pour conclure, son très bon rapport qualité-prix-prestation devrait vous inciter à l’inscrire dans votre liste de course au moment de choisir une petite voiture polyvalente.
- Sur la route
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- Poids plume, rigidité, tenue de route, confort
- Très bon diamètre de braquage (9,6m)
- Moteur pêchu et « élastique »
- Freinage mordant
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- Technologie
- Système multimédia et GPS de bonne facture
- Android Auto, Apple Car et MirrorLink intégrés
- Système de sécurité avec capteur Laser
- Autre
- Système micro-hybride intéressant qui pourrait être plus poussé encore
- Consommation raisonnable
- Coffre très décent pour la taille
- Bon rapport qualité-prix-équipements
- Sur la route
- Boîte manuelle qui pénalise l’agrément en ville
- A l’intérieur
- Matériaux peu flatteurs pour le prix
- Manque de rangements
- Technologie
- Caméra de recul basse définition
- Autre
- Insonorisation des passages de roues
- Quelques erreurs d’ergonomie