Le CES vient de fermer ses portes à Las Vegas. Les constructeurs automobiles y ont délivré leur vision de l’automobile du futur. Connectivité et conduite autonome sont bien sûr au programme mais la voiture du futur veut aussi prendre soin de vous… et vous surveiller? Le Chrysler Portal, le Honda NeuV, ou encore la Toyota Concept-I nous donnent un aperçu de la mobilité de demain.
Un salon automobile ?
Le CES, qui est le salon international de l’électronique grand public, vient de fêter son cinquantième anniversaire à l’occasion de l’édition organisée du 5 au 8 janvier dernier à Las Vegas. Un salon de plus en plus occupé par les constructeurs automobiles qui y ont maintenant une bonne place au milieu des marques high-tech. Cette tendance s’explique par la volonté des fabricants de proposer des modèles de plus en plus connectés.
La conduite autonome comme condition à la voiture connectée
Votre smartphone fait partie intégrante de votre vie, vous êtes connecté en permanence ? Les constructeurs aimeraient qu’il en soit de même pour votre voiture. Par la multiplication des services en ligne proposés dans votre véhicule, ils entendent bien en faire un objet aussi connecté que votre smartphone ou votre dernière ampoule LED.
En d’autres termes, tous les services dont vous profitez depuis votre tablette ou votre ordinateur, et bien plus, devraient se retrouver à un moment ou un autre dans votre auto. Mais pour qu’ils puissent être utilisés en tout sécurité, le conducteur doit pouvoir se décentrer de la conduite. Il s’agit donc bien d’aller progressivement vers une conduite totalement autonome.
Objectif commun : 0 accident.
La conduite automatisée doit permettre d’améliorer un point crucial aux yeux de tous les constructeurs : la sécurité (qui en aurait douté ?). Tous affichent l’ambition de réduire à néant les accidents de la route. Sachant que la majorité d’entre eux sont dus à des erreurs humaines, les nouveaux dispositifs qui seront mis en place ont pour objectif de pallier aux « défaillances » humaines.
Derrière cet objectif commun, la vision de l’automobile du futur diffère plus ou moins selon les constructeurs, comme en témoignent les quelques exemples sélectionnés dans cet article.
Chrysler Portal Concept : minivan connecté
Chrysler, dont la gamme actuelle se réduit à peau de chagrin, a profité du salon pour dévoiler un concept-car : le Portal Concept.
A mi-chemin entre un minivan et un monospace, FCA le présente comme « conçu par la génération Y, pour la génération Y ». Il est cependant difficile de croire que la totalité des personnes nées dans les années 1980 ou 1990 rêvent encore de posséder un minivan.
Une voiture personnalisée
Néanmoins, si le véhicule n’est pas destiné à la production, il met en scène des équipements qui pourraient rapidement rejoindre l’habitacle de nos autos. Parmi eux, on trouve l’identification à distance par smartphone (qui réjouira également sans doute les hackers). Une fois installé à son bord, la reconnaissance faciale et biométrique permet d’accéder à ses réglages personnalisés en un clin d’œil. En outre, le Portal propose un système de partage de fichiers entre passagers qui vous permettra de diffuser rapidement vos derniers selfies.
En dehors de ces équipements inédits, le concept reprend des technologies que l’on commence à voir apparaitre, parmi lesquelles le contrôle à distance de diverses fonctions de son domicile et l’achat en ligne via des services comme Apple Pay ou Samsung Pay. Inutile de préciser que le Portal propose une connectique à la hauteur avec 10 ports de chargement et une borne wifi.
BMW : une nouvelle gestion du temps
BMW va encore plus loin dans la connectivité. Ainsi, en fonction de votre planning, votre voiture sera capable de vous indiquer l’endroit où vous devriez être en fonction de l’horaire. En espérant que votre patron ne pourra pas en prendre le contrôle à distance pour vous ramener en cas de pause déjeuner un peu trop longue. Il sera également possible de recevoir des invitations à déjeuner en obtenant directement le moment et le lieu du rendez-vous, ainsi qu’une indication du moment de départ idéal. Bref, des possibilités qui devraient se montrer particulièrement utiles pour les professionnels.
Toujours dans le domaine des services, votre BMW pourra vous communiquer des informations sur les bâtiments et monuments devant lesquels vous passez, ou encore prévoir la vitesse idéale pour ne pas subir les feux rouges.
BMW i Inside Future, un hologramme pour tout commander
Le constructeur bavarois a également profité du salon pour annoncer, sous la forme d’un concept, sa vision de l’intérieur du futur. Le BMW i Inside Future est par défaut un habitacle sobre mais qui, comme le Portal de Chrysler, se personnalise automatiquement une fois que vous vous êtes identifié.
Le constructeur munichois présente aussi une évolution de la commande gestuelle introduite sur la Série 7. Il ne s’agit plus d’agiter la main devant l’écran central mais d’interagir avec un hologramme en suspension au-dessus de la console centrale. Un léger retour de force permet de confirmer qu’une action a bien été effectuée.
Hyundai : on prend soin de vous !
Chez Hyundai, on partage la vision d’une voiture hyper-connectée, autonome, réagissant intelligemment au trafic et proposant de plus en plus de services mais on ambitionne en plus de prendre soin de votre santé. Le « health and mobility cockbit » utilise ainsi divers capteurs et caméras pour analyser votre rythme cardiaque, votre posture, votre regard, votre degré d’attention, et votre humeur (!) pour en déduire un état général et décider ensuite si une « intervention » est nécessaire. Si tel est le cas, le siège peut vous faire changer de posture, l’éclairage et la température peuvent être modifiés, et un parfum de menthe poivrée ou de cèdre peut être diffusé dans l’habitacle ; tout ceci dans l’optique de vous mettre dans de « bonnes conditions » pour conduire.
Le coréen souhaite surtout que la conduite semi ou totalement autonome se démocratise. L’innovation n’étant innovation que dès lors qu’elle sait se montrer accessible.
L’enjeu de demain est la gestion de l’énergie
Le constructeur de Séoul a aussi mis l’accent sur l’efficience et donc la nécessité d’électrifier davantage l’automobile pour atteindre les objectifs de réduction des consommations et pollutions. Avec des véhicules demandant des puissances de calcul de plus en plus considérables et une part d’électronique grandissante, on comprend également que la gestion de l’énergie représentera un enjeu majeur dans les prochaines années. L’efficience ne se limitera ainsi plus à la seule consommation de carburant.
Les centres-villes étant de plus en plus hostiles vis-à-vis de l’automobile, Hyundai a présenté au CES un modèle de trottinette électrique qui se glisse dans la portière de la Ioniq électrique pour terminer son trajet en faisant un peu d’exercice dans le cas où la destination ne serait pas accessible en voiture. Peugeot avait fait de même pour son 3008.
Honda NeuV : aux petits soins pour son conducteur
De son côté, Honda a dévoilé un concept de micro-citadine aux airs de Toyota iQ, idéale pour les parcours urbains. Ultra-compact, électrique, autonome, et avec une visibilité périphérique parfaite, voilà qui définit le New electric urban Vehicle et résume la vision de Honda sur la citadine du futur.
Le NeuV est également capable d’alimenter le réseau électrique dans les périodes de pointe et de véhiculer des clients lorsque la voiture est inutilisée par le professionnel propriétaire. Comme chez Hyundai, les différents capteurs et caméras analysent votre état de santé et peuvent, en cas de stress élevé, réduire les accélérations (!) ou diffuser une musique relaxante. Pas sûr que cela participe à détendre l’automobiliste. Enfin, pas de trottinette chez Honda mais un skateboard électrique pour les derniers kilomètres de votre trajet.
Toyota : plus d’humanité, plus de robots
Toyota a également insisté sur la sécurité. Celle-ci s’améliorera en connectant les usagers de la route entre eux et avec les infrastructures. La marque ajoute qu’elle souhaite « une vision plus humaine des véhicules du futur ». A l’instar de son compatriote Honda, l’intelligence artificielle déployée dans les véhicules ne doit pas être qu’une simple machine mais un véritable partenaire (qui a parlé d’humains ?)
Comme la plupart des autres constructeurs, Toyota entend laisser le choix de la conduite. Le volant n’est donc pas prêt de disparaitre. Selon votre humeur et vos besoins, vous aurez toujours le choix de conduire ou de vous laisser véhiculer. Il ne s’agit donc plus de « conduire ou dormir, il faut choisir » mais de « conduire ou dormir, vous pouvez choisir ».
Dans l’habitacle, face à la déferlante d’écrans proposée chez les autres constructeurs, le Concept-I de Toyota ne fait pas dans la surenchère et préfère s’équiper d’une vision tête haute 3D affichant des informations à la demande.
A l’extérieur, la voiture communique effectivement diverses informations : le moment approprié pour traverser pour un piéton, un danger, un indicateur de conduite autonome active…
La conduite autonome n’est pas pour demain
Pour Gilles Pratt, patron du centre d’intelligence artificielle de Toyota aux Etats-Unis, la conduite totalement autonome, dite de niveau 5, n’est pas encore pour tout de suite. Actuellement de niveau 2, les constructeurs visent le niveau 3 qui donne accès à l’autonomie dans certaines circonstances mais nécessite tout de même de reprendre la main à d’autres moments. Un niveau encore plus difficile que le niveau 5 selon Gilles Pratt car le conducteur est situé dans un entre-deux l’obligeant à garder toute son attention sans pour autant être directement acteur.
Se réinventer pour ne pas disparaitre
Les constructeurs automobiles devront également faire preuve de prudence pour ne pas être les acteurs de leur propre destruction. La voiture autonome les oblige, en effet, à revoir leur modèle de séduction en misant davantage sur l’ergonomie, l’univers intérieur, et les services proposés.
Big brother is watching you
Nous nous dirigeons doucement vers une nouvelle révolution automobile. Si le moment de la conduite 100% automatisée n’est pas encore venu, le mouvement est inéluctablement en marche. Tout comme celui vers l’hyper-connectivité. Reste ensuite les questions d’ordre éthique et moral. La réglementation devra, elle aussi, suivre le mouvement car devant tant de données amenées à être récoltées, les frontières de la vie privée semblent se brouiller un peu plus encore.
J'ai trouvé la vidéo de la trotinette Hyundai
https://youtu.be/0dhWQ_Y-v3c